lundi 20 juin 2016

2016 06 20-21 SÉGOVIE




Classée depuis 1985 au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO, comme sa voisine Avila, et comme elle, située à plus de 1000 m d’altitude, Ségovie a plus d’un enchantement à nous offrir. Elle est mondialement connue pour ses deux monuments emblématiques : son Alcazar, et surtout son aqueduc romain, deux fois millénaire. Mais il faut prendre le temps aussi de musarder dans ses rues, plazas et ruelles pour découvrir mille merveilles.


LES PREMIÈRES ARCHES DE L'AQUEDUC


L'AQUEDUC

Construit au I° après JC, il amenait l’eau d’une rivière (Riofrio) située à une quinzaine de kms de Ségovie, jusqu’au plateau supérieur de la ville où se trouvait cantonnée l’armée romaine.

D’abord canalisation souterraine, la construction ne devient aqueduc que sur le dernier km, au cœur de la ville. Les premières arches ne sont pas très hautes, puis les suivantes prennent de la hauteur au fur et à mesure que l’aqueduc s’avance au-dessus du vide entre deux collines dominant la vieille ville, pour aboutir au plateau final où l’eau va arriver, en partie souterraine à nouveau, jusqu’à l’Alcazar. L'eau y arrivait jusqu'en 1954.





Cet aqueduc est encore aujourd’hui dans un état de conservation remarquable ; il est fait uniquement de blocs de pierre taillés sur mesure et assemblés sans aucun joint, l’appareil entier reposant seulement sur un parfait assemblage et sur le poids de chaque pierre pour tenir l’édifice ; sans restauration, seul un grand nettoyage aurait été effectué au début des années 1990.




ON PREND DE LA HAUTEUR;  DOUBLE RANGÉE D'ARCHES


Cet aqueduc, comme notre Tour Eiffel ou notre Pont du Gard, nous aimante littéralement ; nous n’arrivons pas à décrocher notre regard de cette œuvre magistrale, magnifique, imposante et brute, mais en même temps très belle, fine,  aérienne ; nous retrouvons l’émerveillement qui nous avait saisi devant les murailles d’Avila. Alors, tant pis pour la répétition des photos, mais les sensations et les émotions éprouvées devant ce « monstre de beauté » changent, il est vrai, constamment, en fonction de l’angle de vue et de la position du soleil.








PAS DE MORTIER EN VUE

DES TROUS, DES PETITS TROUS, TOUJOURS DES PETITS TROUS....


Ce ne sont pas les trous qui ont inspiré notre Serge Gainsbourg ; ce sont des trous qui permettaient de déplacer et lever ces pierres avec des pinces géantes spéciales, dont nous découvrirons un exemplaire dans l’Alcazar. Costauds quand même ces Romains, et pas d’Obélix en ce temps-là pour les aider !


VUE IMPRESSIONNANTE PAR DESSOUS

PRÉPARATION DE LA FÊTE

BIZARRE! BIZARRE ! QUELLE INCONGRUITÉ !

DIABLE ! UNE VIERGE SUR UN ÉDIFICE PUBLIC ROMAIN !


En fait, cet aqueduc ne serait pas romain ! C’est le Diable en personne qui l’aurait construit en une nuit seulement ! Quand on ne sait pas ou peu, il faut une légende, un mythe ou une religion pour expliquer l’inexplicable ; ainsi, le Diable, attirée par une belle jeune personne lasse d’aller chercher quotidiennement ses cruches d’eau depuis la source éloignée, lui proposa de livrer son eau avant l’aube si elle acceptait de lui donner son âme ; rien n’est gratuit en notre bas monde ! La donzelle accepta, mais bientôt prise de remords, elle invoqua la Vierge pour la secourir et annuler ce marché. Dans la nuit, le Diable, pas au courant du changement intervenu dans l'esprit de la jeune fille,  se met au travail et construit l’aqueduc entièrement, pressé de récupérer cette pauvre âme ; mais au moment de poser la dernière pierre, la Vierge intervient en faisant apparaître l’aube plus tôt que prévu, interrompant ainsi le diabolique contrat. Tout est bien qui finit bien ; la jeune fille garde son âme pure et Ségovie se voit dotée de ce superbe aqueduc qui lui amène l’eau fraiche.
C’est ainsi qu'en souvenir de ce miracle, trône cette statue de la Vierge à l’emplacement de cette fameuse « dernière pierre ».

Vous choisirez votre version ; pour nous, moins idéalistes, nous pensons que cette œuvre magistrale est bien à mettre au compte de ces sacrés Romains, tout en pensant qu’ils ont réalisé là encore une construction vraiment diabolique tant pour sa beauté que pour sa pérennité et leur génie de mise en œuvre.








LA LOUVE ROMAINE A SA PLACE AUSSI SOUS L'AQUEDUC

FIN DE L'AQUEDUC; DERNIÈRE PARTIE EN SOUTERRAIN JUSQU'A L'ALCAZAR



LES SGRAFFITES 

Les rues de Ségovie nous offrent la surprise de nombreuses façades décorées de "sgraffites", terme d’origine italienne signifiant « griffé ».
La technique : la surface du mur à décorer est enduite de trois couches de mortiers superposées. La première est une couche de ragréage. Une couche de couleur foncée teintée dans la masse est ensuite appliquée, suivie d'une couche plus claire et plus fine.
Le motif est reporté dans l'enduit frais selon la technique du poncif ou par tracé appuyé à travers un calque. Les contours du dessin sont aussitôt incisés à l'aide d'un grattoir afin de révéler la couche de mortier inférieure. Un sillon foncé délimite alors les différentes surfaces du modèle qui font l’objet d’une mise en couleur.
Cette technique qui remonte à la Renaissance a été remise en valeur au XIX° et à l’époque de l’Art Nouveau ; elle est surtout visible dans les pays de l’Est.

Au cours de nos voyages dans ces pays, nous avions eu l’opportunité d’en voir beaucoup, notamment en République Tchèque ; les derniers que nous avons vu, à Dresde en Allemagne. Mais en voir autant ici nous a vraiment surpris. 






VOLS D'HIRONDELLES AU-DESSUS DES MURAILLES


Chez nous en France, il y a bien longtemps que nous ne voyons plus les hirondelles venir faire le printemps dans nos villes et villages, voltiger tout l’été, puis, l’automne venu, s’aligner par centaines sur les fils électriques, lignes de départ pour ces sportives de haut niveau qui allaient émigrer pendant l’hiver vers des pays plus accueillants. Ici, voir à nouveau ces belles hirondelles faire leurs loopings à une vitesse fulgurante, à travers les arches de l’aqueduc, nous renvoie à notre jeunesse, et nous restons un long moment à les admirer.








ÉGLISE ROMANE DE SAN JUSTO Y PASTOR,  DU XII°ET XIII°


LES ARMES DE CASTILLE ET LEON


Deux châteaux en diagonale sur le blason symbolisent le royaume de Castille.
Castille vient de l’espagnol « castillo », château en français, puisqu’à partir du XI°, les rois chrétiens avaient entamé une phase de reconquête du territoire perdu depuis le VIII° lors de l’invasion arabe. Ils avaient pour cela construit au fur et à mesure de leur avancée de plus en plus de châteaux pour consolider leur position ; ce territoire de plus en plus libéré au fil des siècles prit alors le nom de Castille en référence à tous ces innombrables châteaux.

Deux lions symbolisent pour leur part le royaume voisin de León dont le nom viendrait du latin Legio, en rappel d’une légion romaine qui était installée sur cette région. Par déformation linguistique, Legio est devenu Leon, le lion (leo en latin), soit une déviation totale du sens premier, d’où la symbolique du lion sur les armoiries de cette province.



ÉGLISE ROMANE SAN SEBASTIAN

MIRADORS - TIPICO ESPAÑOL !

PLAZA MAYOR -  CHEVET DE LA CATHÉDRALE

PLAZA MAYOR ET LA CATHÉDRALE

ÉGLISE SAN MIGUEL

ÉGLISE SAN MIGUEL


Le roi Henri IV de Castille meurt en 1474 ; à défaut d’héritier mâle, sa fille Jeanne pourrait lui succéder, mais les nobles ne reconnaissent pas sa légitimité, car elle serait en fait, non pas sa fille, mais une bâtarde ; ils lui préfèrent la demi sœur du roi défunt, Isabelle, qu’ils vont proclamer reine de Castille dans cette église le 13 décembre 1474.
Evènement historique puisque cette nouvelle reine sera bientôt la très grande reine Isabelle la Catholique, celle qui agrandira et unifiera le royaume espagnol, par son mariage avec Ferdinand d’Aragon, puis en terminant le 2 janvier 1492 la reconquête de l’ensemble du territoire espagnol par la prise de Grenade sur le dernier roi maure. Elle sera par ailleurs l’initiatrice de l’épopée américaine de l’Espagne, puisque c’est elle qui va comprendre le projet, fou à cette époque, de Christophe Colomb, et lui donner tous les moyens pour réussir son entreprise. La découverte des Amériques et toutes ses conséquences dans les siècles suivants, c’est avant tout à elle qu’on la doit.

On peut oublier cependant qu'elle installa aussi la tristement célèbre et horrible Sainte Inquisition et qu'elle expulsa les Juifs d'Espagne, entre autres défauts et mauvaises actions qui n'honorent pas le surnom de Catholique qu'on lui a donné.
Cette église n’a pas d’autre intérêt que d’être un lieu hautement symbolique et historique.




SGRAFFITES ET ARMES DE SEGOVIE: L'AQUEDUC


LA CATHÉDRALE 


La cathédrale que nous admirons aujourd’hui fut construite à partir de 1525 seulement et ne fut achevée que deux cents ans plus tard ; étonnant, car le bâtiment paraît être contemporain des édifices du Moyen-Âge ; en fait, les bâtisseurs ont conservé le style gothique tardif, et on ne s’en plaindra pas.


CHEVET DE LA CATHÉDRALE

CATHÉDRALE - FAÇADE OUEST

ENTRÉE CATHÉDRALE - FAÇADE NORD


MAGNIFIQUES NERVURES SOUS VOUTES

LA GRILLE DU CHOEUR




LES STALLES DU CHOEUR, STYLE GOTHIQUE FLAMBOYANT

BELLES ENLUMINURES



MAGNIFIQUE RETABLE


VISITE DE SAINT FRANÇOIS DE BORJA A L'EMPEREUR CHARLES QUINT AU MONASTÈRE DE YUSTE 1862

LE CLOITRE


 SALLE CAPITULAIRE - BELLES TAPISSERIES FLAMANDES DU XVII°

OBJETS INSOLITESDANS UN CLOITRE

 PINCE QUI SERVAIT A DÉPLACER LES BLOCS DE PIERRE

TREUIL

POULIE

CATHÉDRALE  -  LA TOUR






BELLE ENSEIGNE: ATELIER DE POTERIE

HOMMAGE AU MAITRE DU FOLKLORE CASTILLAN


BLASON D'UN PALAIS PARMI D'AUTRES, NOMBREUX DANS CETTE VILLE





ÉGLISE SAN MARTIN

SAN MARTIN - GALERIE EXTÉRIEURE

SAN MARTIN

SAN MARTIN  -  GALERIE EXTÉRIEURE

PLAZA SAN MARTIN - STATUE DE JUAN BRAVO - TOUR DE LOZOYA


JUAN BRAVO
En 1520, l’empereur Charles Quint, alors roi de Castille et León, est confronté à la révolte des « Comuneros », villes et communautés castillanes, entrainées par des meneurs locaux : Juan Bravo à Ségovie, Juan de Padilla à Tolède, Maldonado à Salamanque. Les troupes des Comuneros sont finalement battues en 1521 et leurs chefs décapités à Ségovie, dont Juan Bravo.


TOUR DE LOZOYA
Tour du XIV°, ancien arsenal, aujourd’hui lieu d’expositions.



ÉGLISE SAN ANDRÉS


BELLE PORTE ROMANE.  ÇA VOUS INTÉRESSE ?


MONASTÈRE DU PARRAL

MONASTÈRE DE LA SANTA CRUZ


L'ALCAZAR

Construite au XIV° sur les bases d’anciennes fortifications romaines, wisigothes et arabes, restaurée au XIX°, cette forteresse est d’une puissance et d’une beauté extraordinaires, placée sur un éperon rocheux en saillie au-dessus des deux rivières qui l’enserrent; de loin, elle évoque la forme d’une étrave de bateau, image mondialement connue.
Son donjon, la Torre de Juan II, est tout autant impressionnant ; du haut de cette tour de 80 m (152 marches très raides), la vue sur la ville, les faubourgs et la meseta castillane est superbe.

L’Alcazar possède de nombreuses salles présentant de beaux meubles gothiques, des armures, des tapisseries, des armes ; on y découvre surtout de magnifiques plafonds à caissons de style mudéjar, notamment la salle du trône, la salle des pommes de pin.....



L'ALCAZAR - PARTIE EST

L'ALCAZAR - LE DONJON EN RÉFECTION - PORTE D'ENTRÉE CÔTÉ EST

LE BLASON DU CHÂTEAU


L'ALCAZAR - SOMMET DU DONJON


L'ALCAZAR - MURAILLE EN SGRAFFITE

DÉTAIL  -  CÔNES DE FER NOIR EN DÉCORATION


L'ALCAZAR - SALLE DES ARMURES




O
SALLE DU TRÔNE

L'ALCAZAR - MAGNIFIQUES PLAFONDS MUDÉJAR



SALLE DES ROIS




Etonnante et superbe frise de 52 portraits, en relief et en couleur, de rois ayant participé à la Reconquête, jusqu’à Jeanne la Folle, la mère de Charles Quint.


LE ROI PHILIPPE II

L'ALCAZAR  - SALLE DES ARMES









LA CATHÉDRALE VUE DU CHÂTEAU



LA MESETA,  LE PLATEAU  CASTILLAN

VUE SUR LA VILLE, LA CATHÉDRALE DU HAUT DU DONJON







SAN JUAN DE LA CRUZ, MYTHIQUE ET MYSTIQUE GRANDE FIGURE




ET ENCORE DES SGRAFITTES !






PLAZA MAYOR - A GAUCHE NOTRE RESTAU D'UN SOIR


Cette place n’a rien d’intéressant sur le plan architectural, mais elle nous est apparue bien agréable, et nous avons profité de l’hospitalité des fauteuils d’une terrasse de restaurant pour nous reposer tout en dégustant une bonne omelette à la mode espagnole. Première table à gauche sur la place, pour le souvenir...


PLAZA MAYOR

UN DOS A DOS

PLAZA MAYOR - THÉÂTRE JUAN BRAVO

LE POÈTE ANTONIO MACHADO

L’un des plus grands poètes espagnols du XX° ; il a vécu à Ségovie entre 1919 et 1932 ; sa maison est devenue musée où sont exposés ses objets personnels.

ANTONIO MACHADO


UNE BELLE PROMESSE ....

.... UNE GRANDE DÉCEPTION !


Dans chaque ville, nous cherchons un restaurant bien local, non investi par les touristes, pour gouter aux spécialités régionales ; ici, la spécialité, c’est le cochon de lait rôti. Après avoir interrogé plusieurs personnes, sur leur conseil, nous entrons dans un restaurant assez chic et cher, ...mais tant pis, il faut connaître à « tout prix » ce plat local dont on nous vante tant la qualité et le goût ; outre la mauvaise qualité du service, nous avons dans l’assiette le fameux porcelet qui nous est servi sans aucun accompagnement, trop cuit, trop sec, sans saveur aucune, et nous restons avec la faim encore chevillée à l’estomac ; par contre, la note est bien salée : 56 € à deux pour ces seuls moignons de viande insipide ! Grosse déception et colère donc !  Mais bon, c’est le risque du métier de camping-cariste aventurier qu’il faut savoir passer par le compte pertes et profits.


PLAZA MAYOR - L'HÔTEL DE VILLE

PLAZA SAN MARTIN - SON ÉGLISE - FÊTE DE LA MUSIQUE

PRÉPARATION DU CONCERT

DERNIÈRES VUES DE L'AQUEDUC A ENREGISTRER DANS NOTRE MÉMOIRE


LA PLAZA DE TOROS


L’aire de service camping cars est située à l’extérieur de la ville, face aux arènes ; fort heureusement fermées lors de notre passage, elles ne nuiront pas à notre vue et à nos oreilles ; olé !

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