ESTRÉMADURE
Depuis Avila, nous allons droit sur l’Estrémadure, au sens propre du terme, puisque la route qui y mène est pratiquement rectiligne sur tout le parcours. L’Estrémadure est la quatrième région d’Espagne par la superficie, mais peut-être aussi la moins peuplée et la plus pauvre ; terre d’émigration donc, elle a fourni déjà au XVI° et au XVII° un fort contingent de conquistadores en Amérique latine ; ses héros sont, entre autres, Cortés pour la conquête du Mexique et Pizarro pour le Pérou. Des centaines d’Extremeños les suivront dans leur folle aventure. Terre pauvre peut-être, mais riche en beautés naturelles ; le parc national de Monfragüe, à lui seul, vaut le détour, sinon même le déplacement, pour son site et l’abondance autant que la spécificité de sa faune, oiseaux notamment.
Sans oublier la gastronomie renommée de la région et en particulier, le "jamón ibérico", le fameux jambon, fleuron de cette gastronomie locale, d'une saveur incomparable, due à la qualité de la viande de porc; les porcs sont élevés en liberté, en pleine nature sous les chênes-liège sur d'immenses étendues.
Mais la raison qui motive notre passage sur cette route pour rejoindre le Portugal ensuite, c’est que nous voulons retrouver nos amis espagnols, Azucena et Luis Fernando, qui habitent près de Cáceres, la deuxième ville de la région, extrêmement belle et intéressante ; elle a été classée en 1986 par l’UNESCO au patrimoine de l’Humanité pour la richesse de ses monuments inclus dans la vieille ville enfermée dans ses belles murailles arabes.
VALLÉE DU JERTE : CABEZUELA
Pour le moment, notre objectif est d’atteindre le village de Cabezuela del Valle del Jerte où nous devons retrouver les parents d’Azucena ; la particularité de cette vallée, longue et étroite, parcourue par le rio Jerte, est de devenir toute blanche au printemps; c’est l’éclosion, l’explosion devrait-on dire, des fleurs des cerisiers qui font la spécialité unique et la richesse de cette vallée ; la vallée fournit, dit-on, 80% de la consommation nationale de cerises, et une partie de la production se retrouverait en exportation, jusque dans les pays nordiques. Aussi, durant tout le printemps, une intense activité, avec un ballet incessant de camions, occupe la majeure partie de la population.
A Cabezuela, nous nous installons au bord de la
rivière où un mini barrage constitue une large et peu profonde piscine très
fréquentée par les locaux et les touristes de passage. Françoise y prendra d'ailleurs deux bains, car il fait déjà une chaleur torride ces jours-ci. C’est là que nous
rejoignent les parents d'Azucena, Angel et Rufi.
Le lendemain, Angel nous apporte un panier rempli de pommes de terre de son jardin, de citrons de son jardin et bien sûr, une caissette de ... cerises de son jardin !
LE PARADIS D'ANGEL |
QUELLE TENTATION ! |
BELLES, CROQUANTES, SAVOUREUSES ... |
A la tombée de la nuit, à l’heure
espagnole donc, c’est-à-dire, la bonne heure ! Azucena et Luis arrivent de
Cáceres (à peine 100 kms) exprès pour nous accueillir, comme s’ils ne pouvaient
pas attendre le lendemain où nous devons nous retrouver chez eux ; il ne
faut pas chercher d’explication, c’est simplement de l’amitié, de l’accueil à la
mode espagnole. Ils nous amènent chez leurs parents, au centre du village, et
nous passerons un long moment avec eux avant de revenir à notre maison
ambulante ; évidemment, Azucena et Luis nous raccompagnent à pied sur le
km du trajet ; impensable qu’il en soit autrement.
CABEZUELA |
AZUCENA, LUIS FERNANDO, RUFI, ÁNGEL |
Après avoir revu la famille et fait nos
adieux, nous reprenons le lendemain la route pour Cáceres.
UNE ÉTRANGE DÉCORATION |
Nous sommes d’abord surpris par le nombre important de nœuds de
couleur violette accrochés à la grille du bureau de l’Office de Tourisme sur le
parking où nous sommes garés. Quelle signification donner à cette
collection ?
Un panneau va nous renseigner et nous clouer de
stupeur autant que de révolte ; chaque nœud représente en fait une femme
et parfois un enfant assassiné(e) par un homme sous les coups de violence
conjugale. Depuis 2003, date du début du recensement effectué par l’association
de défense des victimes, et jusqu’au 26 octobre 2015, on a recensé 805 femmes
et 18 mineurs morts de cette violence abjecte. Un nœud pour ne pas oublier.
Cette publication nous interpelle ; comment, ici, dans cette vallée fertile, a priori épargnée par la pauvreté, dans cette ambiance apparemment sereine, sans haine, peut-on arriver à évoquer de tels crimes ?
La France n’est pas exempte de ce type de crime; le machisme est omniprésent dans la vie
quotidienne et omnipuissant dans la cellule familiale, les violences et leurs
conséquences paraissent fréquentes et malheureusement
occultées par la société. Les associations de défense des droits de la femme et
de l’enfant font évidemment un travail énorme et louable, mais c’est
malheureusement un grain de sable dans le désert. Pour autant, il faut
continuer le combat.
Du coup, cette présentation nous rappelle ce que nous avons vu dans notre voyage en Amérique du Sud, au Pérou, où l’on voyait des manifestations de femmes et d’enfants, bien courageux, mais hélas, peu nombreux et pas soutenus par la population, pour dénoncer la violence machiste qui, là-bas aussi, fait des ravages.
La Sierra de Gredos sépare la Castille-León, au nord,
de la Castille- La Manche, au sud. Venant de la vallée du Jerte, nous avons
bifurqué aux environs de Arcos de Avila vers la Sierra de Gredos pour rejoindre
la vallée de la Vera ; cette traversée de la sierra est magnifique ;
prairies de montagne, hautes parois rocheuses, superbe route de montagne, tout
nous rappelle nos Alpes.
QUELQUES BEAUX CHÂTEAUX ICI ET LÁ |
L'OR DES GENÊTS ET LE VERT FONT UNE MAGNIFIQUE ALLIANCE |
Au printemps, la montagne offre une palette
multicolore ; les genêts couvrent de leur or une grande partie de cette
montagne, faisant un contraste éblouissant avec le vert des prairies.
VOIE ROMAINE |
LA ROUTE ET LA VOIE ROMAINE S'ENTRELACENT |
Une voie romaine reliant l’Andalousie à St Jacques de
Compostelle traversait cette région ; elle est encore visible aujourd’hui
partiellement depuis la route qu' elle croise souvent; elle sert de draille
aux troupeaux.
CHÂTEAUX EN ESPAGNE |
COASSE EST-CE ? |
VALLÉE DE LA VERA
Parallèle à la vallée du Jerte, séparée d’elle par une
chaine de montagne, la vallée de la Vera est plus ouverte, plus ample et plus
facile d’accès ; vallée fertile aussi, elle produit des framboises, des
asperges et des piments qui donnent le fameux « pimentón », un
paprika célèbre dans tout le pays et présent dans toutes les cuisines
espagnoles ; elle fournit surtout 80% de la production nationale de tabac.
En remontant cette vallée, nous traversons de nombreux
villages ou petites villes à l’aspect agréable, assez joli et nous y ferons
quelques arrêts pour visiter églises, châteaux, places et voir quelques
curiosités locales.
CUACOS DE YUSTE
A Cuacos de Yuste, nous prenons la route qui nous amène après
deux kms de montée dans la forêt, au monastère de Yuste. Pour ceux qui
connaissent l’Histoire de l’Espagne, cet endroit a un intérêt historique
majeur, et il n’était pas possible pour nous de l’éviter.
En effet, dans ce monastère bien retiré du monde, dans
un endroit sauvage, l’empereur Charles Quint, le monarque le plus puissant de
son temps et un des personnages certainement
les plus importants de l’Histoire universelle, a décidé de venir y finir ses
jours en 1556, à 56 ans, partageant son empire entre son frère Ferdinand, lui
léguant le Saint Empire Germanique (en gros, l’Allemagne, l’Autriche, Hongrie )
et son fils Philippe II qui gardera l’Espagne et toutes ses possessions
américaines (Antilles, Mexique, Pérou, etc.). Il mourra ici deux ans plus tard, de la malaria, en 1558; sa dépouille sera transférée à l'Escorial.
Mais une grande déception nous attend à
l’arrivée ; aujourd’hui, exceptionnellement, le site est fermé pour cause
de ..... élections législatives nationales ! Pas de personnel, guichet
fermé ; et comme le monastère est peu visible même en extérieur, pas de
photos souvenir.
Bon, on est conscient de mettre nos pas sur ceux de
l’empereur qui a pas mal emprunté tous les sentiers environnants ; on se
contentera de cette idée.
VUE SUR UNE INFIME PARTIE DU MONASTÈRE |
MONUMENT EN HOMMAGE A CHARLES QUINT |
Ce monument situé à Cuacos, à l’intersection de la route du monastère, expose plusieurs allégories, mais aussi la devise de l’empereur : « PLUS ULTRA », plus outre, soit toujours plus loin, qui est devenue la devise nationale espagnole.
JARANDILLA DE LA VERA
Un arrêt à Jarandilla, jolie bourgade, capitale du pimentón, pour voir une belle église forteresse, malheureusement inaccessible, car fermée au public, et un fameux parador (hôtel super luxe), installé dans un grand et beau château du XV°, également inaccessible, bien qu’ouvert au public, faute de moyens financiers à la hauteur de cette catégorie d’hôtel.
L'ÉGLISE SANTA MARIA DE LA TORRE |
Cette église du XIV° et XV° a été logée dans une ancienne forteresse du XII°, bien restaurée aujourd’hui ; elle présente une rare particularité : des contreforts suspendus, visibles sur la photo.
RESTAURANT, BAR, MAIRIE .... TOUT EN UN |
... et en ce moment même, dépouillement des votes de
la fameuse élection nationale qui nous a privé de notre visite à Yuste !
Nuestra mas sincera felicitación por vuestro blog. Siempre es de gran ayuda al empreender algunos de nuestros viajes.
RépondreSupprimerAgradeceros vuestra mención hacia nosotros así como las fotos. Tanto lo uno como lo otro es muy especial por varios motivos, pero sobre todo por que lo hemos vivido junto a vosotros, que siempre es un placer.
Os deseamos que podáis continuar muchos años más con este estilo de vida que tanto envidiamos nosotros y que nuestros caminos sigan cruzandose por el mundo.
Un abrazo muy fuerte desde vuestra casa de España.
Azucena y Luife